Malo Proix | Regards croisés sur Malo Proix
Tout ce qu’il y a de beauté tragique dans les éruptions volcaniques, les tempêtes, les inondations, les incendies, la violence des flots sont pour Malo Proix des prétextes à peindre. C’est pour cette raison qu’on ne peut qualifier son travail d’abstraction mais plutôt de “non-figuration”. Ses toiles évoquent des images, des moments, des émotions qui nous concernent tous.
Regards croisés sur Malo Proix - Artiste peintre à Montarlot
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Regards croisés

Whoosh !

Par Nancy Huston

Ce que je peux vous dire c’est que pour apprécier les toiles de Malo Proix je n’ai pas besoin de me sentir dans une phase d’intelligence exceptionnelle ni de snobisme exacerbé ni de m’as-tu-vu-isme particulier, je n’ai pas besoin d’être de bonne humeur ni de ressusciter le souvenir de trente-six autres peintres à qui elle me fait penser, je n’ai pas besoin de passer en revue tout ce que j’ai lu et cru ou espéré comprendre sur l’histoire de la peinture et notamment sur l’histoire de la peinture depuis la fin du XIXe siècle, l’immense bagarre entre abstraction et  figuration, je n’ai pas besoin d’être bardée de références et de théories et de scintillants concepts, je n’ai pas non plus besoin, comme si souvent face à l’art contemporain, de me protéger contre la laideur et la violence sous prétexte qu’elles me font sûrement du bien quelque part, ou qu’elles sont sûrement subversives quelque part, ou qu’il y a tant de laideur et de violence dans le monde autour de nous…
non,
pour apprécier les toiles de Malo Proix il suffit, depuis le premier jour, depuis la toute première fois, que je les voie – vois, là, voilà ! – et la magie opère, elles me parlent aussitôt, ou plutôt, sans prendre la peine de me parler, elles entrent en moi whoosh sans faire un détour par les mots ou les idées ou les concepts ou les références, le qu’est-ce que ça veut dire, le je suis sûre que ça veut dire quelque chose il suffit juste que je réfléchisse très fort très vite et je vais comprendre quoi, rien de tout cela, quel soulagement, quel plaisir, tout droit dans l’âme, dans le cœur, dans le corps, dans cette partie de moi qui est le plus moi, celle que j’aime le plus, celle qui est peut-être liée aux paysages qui ont le plus compté pour moi, paysages anti-carte postale de plaines, déserts et banquises, mers agitées, levers et couchers de soleil, ciels chargés de pluie et de pleurs, oui c’est lié et aux émotions aussi, pas toujours très carte postale non plus les émotions, la peur parfois, l’appréhension, le poids de la vie, du deuil, désolation et solitude, elles trimbalent tout cela dans leurs couleurs les toiles de Malo Proix et quand je les vois, qu’il s’agisse des petits ou des grands formats, dans son atelier à Montarlot ou dans sa galerie à Paris ou même dans une photographie, en général je ne suis pas très bavarde parce que ça me poigne direct, me coupe le souffle et me fait murmurer simplement !
Oh ! j’aime !”

Canaliser l’aléatoire

Par Jean-Paul Proix

Pour être témoins de leur temps, nos ancêtres devaient peindre de façon figurative et narrative. Depuis l’avènement de la photographie et du cinéma notre génération n’est plus soumise à cette obligation.
Au début du XXe siècle, les peintres libérés de ces contraintes se sont livrés à une multitude d’expériences passionnantes (plus ou moins réussies) dont il serait trop long de faire ici l’inventaire.
Tout ce qu’il y a de beauté tragique dans les éruptions volcaniques, les tempêtes, les inondations, les incendies, la violence des flots sont pour Malo des prétextes à peindre. C’est pour cette raison qu’on ne peut qualifier son travail d’abstraction mais plutôt de “non-figuration”. Ses toiles évoquent des images, des moments, des émotions qui nous concernent tous.
Elles sont traitées avec une pâte généreuse dans un geste libre et violent avec des couleurs appropriées au thème abordé ; elle passe d’une dominante bleue à une dominante rouge, brune ou noire selon son humeur et son inspiration. 
C’est aussi pour cette raison qu’elle utilise toutes sortes de matériaux mêlés à l’acrylique, du sable, des cailloux, du papier froissé, des morceaux de tissus, elle projette ses couleurs sur la toile à plat par terre (on a intérêt à ne pas être à proximité). Sans jamais sacrifier au joli ni au bon goût, elle s’efforce de canaliser ce qu’il y a d’aléatoire dans cette façon de travailler.
Bien que nourris, Malo et moi, dans notre jeunesse, des mêmes influences et de la même culture, nous avons créé chacun des œuvres totalement différentes. Et puis nous sommes quotidiennement critiques ou admiratifs de notre travail. En fin de journée nous échangeons notre avis sur la toile en chantier, c’est tonique et toujours positif. Voilà, vous savez tout et pourquoi j’aime tout ce qu’elle fait.